AUSTRALIAN DANGERS: ZE OUORQUE

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FAUT-IL LAISSER L'ESSAY LASSER?

Sydney, on est d'accord, c'est vraiment du haut niveau. Si on y ajoutait des rillettes, du VRAI football, et qu'on ne devait pas vendre un rein à chaque fois qu'on veut aller au cinéma¹, ce serait même franchement pas loin du paradis. Du coup, évidemment, pour pouvoir y être, il faut accepter des contreparties. C'est pourquoi je me suis engagé à passer au moins douze heures par semaine dans un endroit terrible appelé ici Sydney University, remplis de pièges tels la tortueuse Fischer Library², ou même le sinistre Auditorium.

S'il peut paraître accueillant à première vue avec son Quadriangle rappelant vaguement Poudlard la nuit, il ne faut pas s'y tromper. Se trouvent à la Sydney University de redoutables prédateurs, dont je vous ai déjà entretenu par ailleurs, les abjects et visqueux research essays. Ces créatures immondes, qui vampirisent l'énergie du malheureux étudiants se cachent derrière la moindre salle, le moindre sourire du professeur. Il est néanmoins à noter que si elles peuvent être aussi cruelles, ces bêtes n'ont rien à voir avec leurs homologues tristement célèbres en France, de la dissertation au dossier documentaire.

Ce qui est remarquable avec l'informatique, c'est qu'on ne peut plus faire la différence à l'oeil nu entre un travail bâclé et un travail qui ne l'est pas. Là, sans lire, on y croirait presque non?

Les différences sont nombreuses, et il convient de les étudier sereinement, grâce à ce spécimen apparemment paisible. Ne vous y laissez pas prendre, il vient à peine d'être noté par le professeur domestiqué au prix d'un long effort. Bien qu'il s'agisse de l'une des plus petites espèces connues de research essays, long de seulement 500 mots, je peux vous assurer que lorsqu'il s'est retrouvé face à moi il y a quelques semaines, j'étais loin de faire le malin. Il possède toutes les caractéristiques du research essay typique: un certain nombre de mots donné à écrire sur un sujet précis, avec pour objectif la compilation de données plutôt que la réflexion personnelle, comme on va le voir. Il s'agit cependant de l'épreuve reine dans les sciences sociales en université australienne.

La seule manière de vaincre ces êtres voraces est de leur donner leur nourriture favorite. Si les dissertations françaises dégustent volontiers la pensée des étudiants, ou les citations, le research essay ne fait lui pitance que des références³.. La bibliographie, à elle toute seule, semble constituer la moitié de la note finale. Une information telle quelle n'a aucune valeur, même si vous indiquez que « François Fillon est Premier Ministre de la France », il vous faut une source solide.⁴ Les références sont tout à fait indispensables,  il s'agit de la substance essentielle à n'importe quel research essay. Et figurez vous que ceux-ci sont plutôt gourmands, dévorant en général pas moins de quinze à vingt références, le tout dépendant de leur taille, les plus redoutables dépassant sans vergogne les 5000 mots.

Et voici le bilan de ma première chasse aux références, ma foi un peu frugale: cinq proies seulement. Oui, la photo est floue, mais en même temps qui veut vraiment savoir le titre de ces bouquins?

Elles doivent être chassées dans les couloirs malsains de la bibliothèque. Dans la Short-Loan Library⁵, l'endroit où l'on trouve les meilleurs références, mais aussi les plus empruntées. Ou alors la Reserve⁶, en consultant des livres hors d'âge ayant pris la poussière. Ces terrains de chasse ferment plus tard qu'en France, mais vers 22h tout de même. Du coup, pour ceux qui s'y prennent à la toute dernière minute, il ne reste plus que les froids corridors de l'Internet. Les références y sont légion, mais leur qualité est nettement plus discutable. Elle ne sera peut-être pas suffisante pour un research essay affamé. Cela dit, on peut quand même y arriver.⁷   Ce long et patient travail de recherche constitue l'essentiel de l'affrontement entre l'étudiant et le research essay, la rédaction prenant beaucoup moins de temps.

Bien entendu, comme partout, les étudiants sont évalués sur leur capacité à faire face à ces monstres modernes. Oubliez par contre le système de notation à la française. Avoir 20 en Australie, c'est vraiment nul, mais alors vraiment. A Sydney, tout est plus grand donc on note l'habileté des élèves sur 100. Cela peut paraître bizarre au premier abord, mais a aussi des bons aspects. Pour les retards par exemple. Si l'on enlève un point par jour de retard, mieux vaut être noté sur 100 que sur 20, je l'ai expérimenté. Lors de ma corrida contre le research essay dont je vous ai montré la dépouille, j'ai ainsi empoché 65%, ce qui est bien, mais pas top.⁸

Bon par contre, il reste deux mystères à éclaircir lorsqu'on jette un coup d'oeil à ce travail d'UNE PAGE, oui d'UNE PAGE (notez le c'est important pour la suite).

Premier mystère: le commentaire de ma tutrice⁹

Ou de manière plus lisible: "A good start, Florian, but this work seems rushed". Les professeurs australiens seraient-ils plus malins que leurs homologues parisiens?

Deuxième mystère: l'autre commentaire de ma tutrice

Me demander de mettre un numéro de page sur MA SEULE PAGE, c'est la pure tyrannie de la forme, ou un certain type d'humour local que je n'arrive pas encore à saisir?

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1:L'autre jour, je suis allé voir Inglorious Basterds pour faire un petit coucou à Diane. Ca m'a coûté 10$50, soit approximativement 6,50 euros. Mais c'était le tarif réduit spécial... Je connais quelqu'un qui a payé le même prix pour aller voir G.I. Joe... Ca doit être difficile à vivre.

2:Je ne vous ferai pas l'affront de traduire en disant qu'en français cela signifie la « Bibliothèque Fischer ».

3:Pour savoir si un livre est susceptible de constituer une référence convenable, demandez vous si vous avez envie de le lire. Si la réponse est non sans hésitation, vous êtes sur une bonne piste. Attention cependant, il y a des pièges. La Mare au Diable de George Sand, n'est par exemple pas une référence, juste un roman très chiant.

4:Cela dit, c'est une information plutôt dure à prouver en ce moment... Mauvais exemple, en fait.

5:Qui s'appelle la Short-Loan library parce qu'on ne peut y faire que des short-loans, des petits emprunts, ce qui ici peut durer de deux heures à trois jours.

6:Qui s'appelle la Reserve parce que s'y trouve tous les livres dont tout le monde se fout, et qui ne sont jamais empruntés. La preuve, c'est que si vous en prenez un, vous pouvez le garder pendant deux mois. Vraiment rien à taper, on vous dit.

7:Je vous dirai pas comment je le sais.

8:Mais qui rapporté au temps que j'ai passé sur l'essay me donne une moyenne de 65% par heure, ce qui est plutôt respectable.

9:« Bon début, Florian, mais ce travail semble un peu expédié ».

Comments

[Biochemistry]

After read blog topic's related post now I feel my research is almost completed. happy to see that.Thanks to share this brilliant matter.

[Perle]

Vendre un rein à chaque fois que tu veux aller au cinéma?? Ouais bah t'y vas qu'une seule fois de ta vie quoi, vaut mieux bien choisir ton film... Une seule fois oui, parce que même si t'as 2 reins, tu peux plus te rendre au cinéma après avoir vendu les 2...

[leilou]

mais reste lulu, j'aime ton humour.. il me manque

[Lucille]

Je peux faire une blague nulle ? D'accord, si t'insistes.

T'as croisé Rusard et Miss Teigne dans la Réserve ?

Oui je sors.

[Anaelle]

Voilà la raison pour laquelle je prie pour décrocher un stage... :)