VERY GOOD TRIP: CHINAMERICA
LEBRON JAMES ET YAO MING
Lee Mon a 19 ans. Je l’ai rencontrée à Chengdu. Ville connue pour sa réserve de pandas, sa nourriture et ses filles épicées, ses 4 millions d’habitants, ses trois gares, et son aéroport. Ville moins connue pour son partenariat avec Montpellier, le premier entre villes chinoises et françaises. Ville où Lee Mon a passé toutes les années de sa vie, sans jamais en sortir. Ou si, une fois peut-être, pour un autre coin à deux heures de train pour le boulot.
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De toute façon, ce n’est tellement la Chine qui l’intéresse, en fait. Même pas Beijing, juste bonne à accueillir les Jeux Olympiques. De toute façon, les gens là-bas ne sont pas sympas. Un jour, quand elle avait 12 piges, un mec à Chengdu a provoqué un accident terrible. Il venait de Beijing, comme par hasard, et il ne s’est même pas excusé. C’est encore pire à Shanghaï, où les habitants sont tous des connards. Les autres villes ? Elles sont loin, et en plus, qu’est ce qu’on pourrait bien y trouver qui ne soit pas déjà à Chengdu ?
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Pour tous les ignares qui ne connaissent rien à la Chine, Chengdu c'est LA!
Non, l’Eldorado de Mon, c’est Sum 41, Gossip Girl, la NBA, MSN, les KFC, en un mot, les Etats-Unis. Elle adore quand on la surnomme « Lemon », avec un accent anglais. Bon, bien sûr, Lee Mon est quand même un cas à part. Ses trois ans d’anglais, elle veut les pratiquer à tout prix, même avec un Français barbu et hirsute abordé dans un café. Elle est même sur Facebook, pourtant censuré en Chine, elle ne sait pas trop pourquoi.
Evidemment, on ne trouverait pas les mêmes centres d’intérêt chez la majorité de Chinois n’ayant pas les moyens de se payer des études. Les mêmes qui vous rembarrent d’un air coincé quand vous leur demandez un renseignement. Mais soyons lucides, cyniques, francs : cette majorité-là ne compte pas dans la Chine d’aujourd’hui. L’avenir du pays, c’est ceux qui ont suivi des études. Ceux qui iront bosser un jour dans les immenses immeubles qui poussent partout. Pas les autres, qui après s’être tués à la tâche pour les construire, seront sûrement enterrés dans les fondations.
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Oui, il y avait un Starbucks dans la Cité Interdite jusqu'à y a pas longtemps. Qu'est ce qu'on attend pour en foutre un au Louvre, franchement?
Comme beaucoup de ces jeunes qui ont les moyens d’avoir des loisirs, Lee Mon suit la NBA. Son préféré, ce n’est pas Yao Ming, la star locale. Non, son idole s’appelle Lebron James, star on ne peut plus américaine des Cleveland Cavaliers. Le seul Noir qu’elle aime bien. Comprendre : le seul qu’elle connaisse. Ah, si Barack Obama, qu’elle trouve courageux. Et George W. Bush ? Elle le connaît bien sûr, mais pas trop. Il avait déjà arrêté le basket quand elle a commencé à s’y intéresser. Non, Lemon préfére Lebron.
Et si, au fond, c’était la preuve en Chine d’une admiration aussi frénétique que non assumée pour les Etats-Unis ? Les étoiles qui brillent dans les yeux de Mon, je les avais déjà vues, chez une autre Chinoise qui rêvait d’études à Columbia, New York. Et si cette volonté maladive de supplanter les Américains dans leurs domaines réservés, ce n’était pas une volonté de leur ressembler ? Les JO 2008 ont vu la Chine succéder aux States en tête du classement général des médailles, grâce à des athlètes créés sur mesure pour l’évènement.
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Yao Ming est bien le plus grand jouer de la NBA. (2,29 mètres, soit 3,5 Mimi Mathy). LeBron James aussi. Mais par le talent. Kobe? C'est un véritable séïsme.
Dans le fond, si les Chinois sont aussi mauvais au foot, c’est sûrement parce que les Américains le sont aussi. Au basket, les manchots des pieds se débrouillent déjà mieux. Mais comme un symbole, l’équipe chinoise s’est quand même cassée les dents contre la Dream Team aux JO. On ne peut pas tout copier. Les blockblusters à l’américaine du cinéma chinois continuent de se faire damer le pion par Hollywood.
Avatar a été retiré brutalement de la plupart des salles chinoises pour soutenir les productions nationales, laminées. Les films chinois ont tous leurs titres traduits en anglais dans les magasins, mais les clients continuent à préférer acheter Transformers II. De même, les KFC, les McDonalds sont partout plein à craquer, pendant que les Dicos, fast-food à la chinoise, restent désespérément vides. (Comme on dit dans le pays, le Dico dort.)
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Question cinéma, les Chinois ne savent plus quoi inventer, et finissent par tomber dans des plagiats honteux de scénarios américains. Ici, Mulan, pâle copie du dessin animé de Walt Disney. On ne se laissera cependant pas avoir par la supercherie: on voit bien qu'ici Mulan est moche.
Yao Ming peut toujours se donner à fond sur le terrain, choper tous les rebonds qu’il veut, faire tourner ses propres superproductions nationales comme Confucius, même battre son rival sur les domaines économiques, ou l’emmerder sur le terrain politique, ça ne change au final pas grand-chose. Celui qui fait rêver les jeunes Chinois, c’est LeBron James. Et toc.